SITALA et Jazz sous les Pommiers, toute une histoire ?
« Sacré histoire même! A titre personnel, « Jazz sous les pommiers » a été mon premier festival. J’ai fait une partie de ma scolarité à COUTANCES (50). Ma famille y habite toujours. Au commencement de SITALA, on trouvait important et indispensable que nos familles profitent de cette aventure humaine.
Naturellement, c’est sur cette période de l’ascension que nous nous rendions à COUTANCES à chaque séjour des burkinabè en France.
Pour jouer sur scène?
Non, pour le plaisir! Notre passage à Jazz représentait 5 jours de pause sur ces trois mois de séjours d’échanges artistique et pédagogique avec les artistes de SITALA. Notre démarche était de participer en apportant une modeste contribution à l’animation et au « feeling » du festival.
SITALA existe depuis 12 ans, c’est donc 12 ans de présence à COUTANCES ?
Oui, depuis 2003, même si cela n’a pas toujours été simple de conserver ce temps de pause…
Chaque année est différente mais la rencontre avec Michelle MERCIER et Edwige DUJARDIN, deux membres de l’équipe du festival, a changé la donne. Elles ont compris notre démarche et notre travail avec SITALA. On a pu devenir davantage acteur du festival et cela en échange de quelques remboursement de frais.
Frais d’avion par exemple?
Non, ces frais sont pris en charge par nos interventions menées sur le reste du séjour. Je parle du trajet pour venir à COUTANCES.
Et pour le logement?
Chapeau à mes parents qui nous hébergent, surtout que l’on ne se déplace pas seul! Jazz, chez nous, c’est parfois plus de 200 repas servis sur 5 jours »
Comment s’est traduite votre présence sur le festival les premières années ?
En off derrière la cathédrale, dans les rues sans invitation et en première partie des copains des Skeannais en 2003 puis en programmation dans les bars en 2004 et 2005.
En 2006, nous étions devant le café solidaire et accueillis dans la cour du musée au jardin public puis devant la chambre des métiers en 2007.
Sur l’esplanade des Unelles en 2008 et 2009 ainsi que sur la scène « Avis aux amateurs ».
2010, retour à la chambre des métiers avec des danseuses cette fois-ci et grand moment dans la cour de Germain en 2011 car beaucoup de monde!
Tu me parlais de 2012 ?
Cette année 2012, l’équipe du festival nous propose le concert à la maison d’arrêt de COUTANCES. Nous en gardons un souvenir très fort. Généralement, avant chaque intervention, nous demandons à nos accueillants ce qui, pour eux, ferait de notre intervention une réussite. Ce jour-là, le directeur nous glisse que si ils tapent des mains ce serait super, que l’important c’est qu’ils prennent du plaisir.
Et alors ?
1h15 au lieu de 45 minutes, tout le monde debout, beaucoup dansent en cercle, puis seul au centre du cercle, notre griot qui chante des bénédictions à un détenu qui devait se marier la semaine suivante, les musiciens et le mec sont émus aux larmes… Ils tapaient aux portes en nous remerciant lorsqu’on est sorti. Sans hésiter le plus grand moment vécu au Jazz!
2013 place Saint Nicolas et 2014, grand moment aussi je crois ? Tu parlais en rigolant de « consécration »?
Arrive effectivement ce projet avec le Lycée de Nature de CoutancesCOUTANCES, notre participation aux journées solidaires et la proposition d’une première partie au concert des Lycéens.
On attendait depuis longtemps que l’on nous « confie » une scène en salle… Cette première partie est habituellement de 30 minutes, Denis Lebas a prolongé pour nous la durée du set de 15 minutes… du pur Bonheur! Beau cadeau pour les dix ans d’anniversaire de l’association et pour nous. Un grand merci au Festival de nous avoir offert cette scène… en espérant y revenir un jour.
L’ensemble dégage une impression de grande cohésion et la musique s’inscrit dans la ligne du métissage entre la tradition et le jazz, qui caractérise le courant dominant de la musique africaine depuis les années soixante. Dans cette formation, la présence du saxophone constitue à la fois un marqueur important et un apport considérable. Outre le chanteur leader, Mamadou Besmert Coulibaly, qui joue également du djembé, je voudrais citer le balafoniste virtuose Benoît Millogo. Il faut également mentionner l’excellent danseur Lassane Ouedraogo qui mêle habilement danse traditionnelle et hip-hop. Il fait sensation avec son cimier, son collier, ses coudières, son pagne, ses genouillères et ses chevillères aux couleurs éclatantes de l’Afrique (jaune, vert, rouge).
Toute cette troupe a été acclamée et un bis leur a été réclamé à cor et à cri. Ce n’est que justice tant la musique chaleureuse de Sitala est empreinte de générosité. »