La Caravane Sitala côté coulisses

Comment la tournée a été rendue possible ?

La Caravane Sitala, c’est de la musique africaine, des artistes burkinabè et français, un bus et de la bonne humeur à partager. Depuis le mois de mai, la Caravane sillonne les routes de l’Ouest à la rencontre des jeunes dans les écoles, collèges et lycées pour leur faire découvrir la culture africaine.

Comment est né ce projet ? De la volonté du Président de la République, Emmanuel Macron, d’organiser en France une saison dédiée à l’Afrique : Africa2020. Quand la tenue de l’événement a été confirmé en juillet 2018 à Lagos, les associations Sitala ont souhaité en faire partie et ont créé le projet de Caravane. Pour leur plus grande satisfaction, en juillet 2019, le Comité de programmation franco-africain chargé de sélectionner les projets, pour le compte de l’Institut français, l’a retenu. Les préparatifs de la tournée ont alors pu commencer. Au Burkina Faso et en France, le travail a été intense. Malheureusement, le COVID est venu jouer les trouble-fête et le programme a dû être modifié. Loin de se laisser abattre, les équipes ont su réagir pour décaler la tournée et l’adapter aux exigences sanitaires. On vous raconte tout ce qui a été fait pour rendre possible cette tournée.

La préparation de la tournée au Burkina Faso

Le casting des artistes

Qui dit tournée, dit artistes. Aussi, une des premières missions a été de recruter les six musiciens burkinabè qui allaient monter à bord de la Caravane.  C’est l’équipe de Bobo Dioulasso qui s’en est occupé. La présence au sein de la compagnie de Lass et Harouna, animateurs permanents de l’association au Burkina, a été une évidence. Leur expérience auprès des jeunes est un réel atout.

C’est ensuite Maïchou et Bothian qui ont décroché leur place. Maïchou, avec sa voix, et Bothian, avec son balafon, font partie du groupe Sitala Kounou. Au Burkina Faso, ils sont Griots – gardiens de la tradition. Les familles font appel à eux pour animer les mariages et les baptêmes. Ce sont leurs parents qui leur ont appris à jouer la musique burkinabè, et à leur tour, le jour venu, ils transmettront leurs savoirs à leurs enfants.

Il restait encore deux places dans la Caravane. Les deux derniers artistes ont été sélectionnés dans le cadre du Programme national du volontariat burkinabè. Deux candidats ont fait mouche : Ousmane et Bouba. Doum-doum, djembé, guitare et piano, ces musiciens accomplis ont plus d’une corde à leur arc.

La préparation des interventions aux couleurs du Burkina

L’équipe ainsi constituée s’est attelée à la préparation du matériel pour animer les ateliers en France.

Pour transporter les élèves dans la culture burkinabè, les artistes ont choisi de porter des costumes aux couleurs et aux motifs africains. Une fois le choix du tissu validé à l’unanimité, les tenues ont été confectionnées sur mesure. Mais les couturiers et les couturières ne se sont pas arrêtés là. Ils ont également créé des costumes pour les enfants de l’école Saint-Pierre Saint-Paul d’Erdeven qui participeront à un spectacle avec la troupe Sitala.  

L’atelier Bogolan – peinture sur tissu – a également demandé un gros travail de préparation avant le départ pour la France. Tout est artisanal. La peinture est un mélange d’argile noire, prélevée dans les rivières, et de bouses de vache. Les tissus sur lesquels les élèves vont peindre sont, eux, teintés en jaune. Des linges de coton sont ainsi immergés à plusieurs reprises avec des feuilles de Ngalama (boulot d’Afrique). Au total, dix bouteilles de 1,5 litre de peinture et une valise de tissus ont été préparées. Ils teindront encore d’autres étoffes pendant les ateliers grâce aux feuilles de Ngalama qu’ils ont emportées avec eux.

Les six artistes ont également rempli leurs bagages de noix de cajou, de cacahuètes, de mangues séchées et de beurre de karité pour pouvoir les vendre en France. Cette année, ils ont fait le choix de proposer leurs produits dans un point de vente fixe : celui de La Convergence des Loutres à Loguivy-Plougras dans les Côtes-d’Armor.

 

Costumes, beurre de karité, bouteilles de Bogolan, cacahuètes et mangues séchées.

Les rencontres officielles et les formalités administratives avant le départ pour la France

Un départ pour la France ne peut se faire sans une série de formalités, à commencer par les demandes de visa. Les six musiciens ont déposé les leurs au Consulat de Ouagadougou. C’est la directrice de l’Institut français de Bobo-Dioulasso qui les leur a remis en main propre. L’inscription de la Caravane Sitala dans la saison Africa2020 a grandement facilité les démarches. Une fois ce sésame obtenu, les billets d’avion ont pu être réservés.

Avant de quitter le Burkina Faso, Lass, Harouna, Maïchou, Bothian, Ousmane et Bouba ont rencontré les chefs coutumiers de leur ethnie, le représentant de la caste des chasseurs et les représentants du ministère de la Culture, des Arts et du Tourisme de la région des Hauts-Bassins. Ils leur ont présenté le projet de la Caravane et ont obtenu leur soutien pour participer à cette tournée.

Rencontre des familles et des chefs coutumiers.

La préparation se déroulait sans accroc mais c’était sans compter le COVID qui a largement perturbé le programme. Face à la fermeture des frontières et au confinement en France, les interventions prévues au mois d’avril ne pouvaient pas avoir lieu. L’ensemble du voyage a donc été décalé et reporté au 29 avril. Et, ultime épreuve, pour pouvoir embarquer, toute l’équipe a dû passer des tests RT-PCR, 72 heures avant le vol. Heureusement, tous étaient négatifs. Ils ont donc pu prendre place à bord de l’avion, direction la France.

Départ pour la France

L’effervescence côté français avant le départ de la Caravane

La préparation logistique de la tournée

En France, c’est Hélène, Benoît et Thomas, les permanents de l’association Sitala Lillin’ba, qui se sont chargés d’organiser l’accueil des artistes burkinabè et toute la logistique de la tournée. 

Pour que le séjour se déroule dans de bonnes conditions, il leur fallait un lieu où les artistes pourraient se reposer en dehors de la tournée. C’est sur la maison Sitala de Theix-Noyalo que leur choix s’est porté. Dans cette résidence, l’équipe française s’est chargée de mettre à leur disposition tout ce dont ils pourraient avoir besoin, à commencer par des vêtements chauds. Le climat est loin d’être le même au Burkina Faso et dans l’ouest de la France.

Préparation de la maison Sitala.

Une fois le camp de base installé, ils ont réservé une résidence dans les Côtes d’Armor pour que les musiciens puissent effectuer la quarantaine imposée à leur arrivée en France et préparer les pièces de théâtre présentées aux élèves.

Toujours côté logement, ils ont dû trouver les lieux où ils dormiraient quand la tournée les emmènerait loin de Theix-Noyalo.

Parallèlement aux recherches d’hébergements, ils se sont occupés du bus qui leur permettra de rallier les établissements scolaires car, même si le projet s’appelle Caravane, c’est en bus qu’ils se déplaceront. Un car aux couleurs de Sitala qu’il a fallu, avec l’aide de bénévoles, nettoyer et remettre en état de prendre la route.

Bus de la Caravane Sitala pour la tournée Africa 2020

Préparation du bus Sitala

La recherche d’établissements souhaitant accueillir la Caravane

Pour que la tournée puisse avoir lieu, il était nécessaire de trouver des établissements scolaires intéressés pour accueillir la Caravane. Bien que l’association Sitala Lillin’ba soit basée à Theix-Noyalo dans le Morbihan, Benoît et Thomas ne sont pas cantonnés à prospecter dans leur département. Ils ont étendu leur champ d’action à toute la Bretagne et à la Normandie.

Ils ont contacté des écoles primaires, des collèges, des lycées, aussi bien publics que privés, pour leur présenter leur proposition d’intervention. Les retours des enseignants et des chefs d’établissement ont été très positifs, ce qui a permis de mettre en place une belle tournée. Cette année, la Caravane s’arrêtera dans une trentaine établissements, dans cinq départements en Bretagne et en Normandie.

Dans chaque établissement, la Caravane restera un ou deux jours en fonction des souhaits de l’équipe éducative. Des jeux de rôle, des ateliers de percussions, de danse africaine ou de théâtre seront proposés aux élèves pour leur faire découvrir une culture différente de la leur.

La recherche de partenaires

Comme tout projet, celui de la Caravane ne pouvait se réaliser sans soutiens, notamment financiers. Il a donc fallu partir à la recherche de partenaires. De nombreux contacts ont été pris pour faire connaître Sitala et sa Caravane. L’élaboration des dossiers de demande de financement est une tâche fastidieuse mais nécessaire. Hélène et Benoît ont pu compter sur le soutien du Réseau Bretagne Solidaire qui accompagne les associations intervenant dans le champ de la solidarité internationale.

Golfe du Morbihan Vannes Agglomération a participé financièrement au projet. Ont également répondu présent :

C’est grâce à eux que le projet a pu voir le jour.

Avant que ne résonnent les notes des djembés, des doums-doums et des balafons dans les écoles, collèges et lycées, les préparatifs ont été importants. Toute l’équipe, à Bobo et à Theix-Noyalo, a travaillé d’arrache-pied, toujours animé par la volonté de faire découvrir la culture africaine aux jeunes rencontrés. Faire partie de la saison Africa2020 est un honneur. C’est une reconnaissance du travail accompli, tant au Burkina Faso, qu’en France. Au-delà de cette labellisation, l’enthousiasme des élèves rencontrés conforte l’équipe dans le bien-fondé des actions qu’elle met en place pour construire un monde plus solidaire.