Le projet de l’association Sitala Lillin’ba repose sur l’échange interculturel. Avant de décliner le projet dans sa forme, il nous semble important d’argumenter le choix de l’interculturel. Au delà d’un simple échange, il s’agit d’une véritable démarche pédagogique. Explications.

L’interculturel, c’est quoi et pourquoi?

Confrontation à la diversité culturelle

La mondialisation  amène de plus en plus les individus à communiquer à l’échelle planétaire. Elle stimule les rencontres, les échanges, la vie et le travail avec des interlocuteurs issus de contextes linguistiques et socioculturels parfois très différents. L’association  Sitala Lillin’ba participe à l’encadrement de ces  rencontres, de ces échanges. Pour aller plus loin,  l’association  souhaite développer la coopération interculturelle. Mais que signifie le terme « interculturel » ?

Eléments de base : qu’est-ce que la culture ?

La culture est « un ensemble de manières de voir, de sentir, de percevoir, de penser, de s’exprimer, de réagir, des modes de vie, des croyances, des connaissances, des réalisations, des us et coutumes, des traditions, des institutions, des normes, des valeurs, des mœurs, des loisirs et des aspirations ». (Dictionnaire actuel de l’éducation, Larousse, 1988). Autrement dit, la culture est une manière de résoudre les problèmes auxquels nous sommes confrontés.

La culture globale

Chaque individu est un être pluriculturel qui porte en lui une culture liée à son sexe, à son âge, à sa formation, à sa catégorie socioéconomique, à sa religion, à sa région d’origine, à sa famille d’origine et à la famille qu’il a constituée, etc. Chaque individu est donc un être multiculturel. Cette culture globale est le résultat d’un processus historique. Elle évolue, elle produit des dimensions matérielles et des idées.

Préjugés et ethnocentrisme

Le simple fait d’entrer en contact avec des personnes appartenant à d’autres univers culturels ne garantit pas le développement d’une attitude ouverte et tolérante. Les recherches ont montré qu’au contact d’autres cultures, la plupart des individus ont un réflexe de généralisation et de jugement de valeur. De la découverte de la culture de l’autre nait les représentations, les préjugés, les stéréotypes, les clichés, les idées reçues (en positif comme en négatif).

L’approche interculturelle

Le préfixe « inter » d’ »interculturel » indique une mise en relation et une prise en considération des interactions entre des groupes, des individus, des identités. Ainsi, si le multi(culturel) et le pluri(culturel) s’arrêtent au niveau du constat, l’interculturel est une démarche. Il ne correspond pas à une réalité objective. L’approche interculturelle n’a pas pour objectif d’identifier autrui en l’enfermant dans un réseau de significations ou de comparaisons. L’interculturel accorde une place plus importante à l’individu en tant que sujet qu’aux caractéristiques culturelles de l’individu.
Comme nous l’avons déjà souligné, tout individu est un être pluriculturel. La rencontre avec un étranger, c’est d’abord la rencontre avec un sujet aux caractéristiques propres. La compétence interculturelle n’est pas une compétence permettant de dialoguer avec un étranger (avec une personne de nationalité, de culture différentes), mais avec autrui (une autre personne). L’objectif est donc d’apprendre la rencontre et non pas d’apprendre la culture de l’autre.

La démarche interculturelle

Se décentrer. Jeter sur soi et sur son groupe un regard extérieur. L’objectif est d’apprendre à objectiver son propre système de références, à s’en distancier (sans pour autant le récuser) et donc à admettre l’existence d’autres perspectives.
Se mettre à la place des autres. Développer des capacités empathiques : se mettre à la place des autres, se projeter dans une autre perspective. Appréhender une culture, c’est dépasser une vision parcellaire et ne pas la réduire à une énumération de faits et de caractéristiques culturels, ne pas classer, ne pas généraliser.
Coopérer. Dépasser les préjugés, faire la démarche d’essayer de comprendre l’autre. Comprendre comment l’autre perçoit la réalité et comment l’autre me perçoit. Apprendre à décoder correctement les messages émis. Pour cela, il est nécessaire de connaître un certain nombre de données quant à la grille de comportement de son interlocuteur.