Histoire et origine de Sitala du Houët

Mamadou Besmert Coulibaly

Sitala du Houët est une association burkinabée. Fondée en 1998, elle est la « grande sœur » de Sitala Lillin’ba, association française née en 2006. Sitala du Houët est le prolongement de la vie d’un homme : Mamadou Besmert Coulibaly. On ne peut pas cerner l’origine, le sens et les objectifs de l’association sans connaître et comprendre l’histoire de son fondateur. En voici les grandes lignes.

D’origine Dioula (une des deux ethnies présentes à Bobo), Mamadou est né à Bobo Dioulasso le 20 mars 1976. Il est le treizième d’une famille de vingt-sept enfants. Pendant les premières années de sa vie, il se bat contre la maladie. Il éprouve des difficultés à parler et souffre notamment du bégaiement. A sept ans, les soins prodigués par son grand-père portent leurs fruits. L’avenir de Mamadou peut s’écrire. Baigné dans la musique depuis tout petit, il grandit à Bobo dans le quartier Dioula de Kombougou. A l’âge de dix-huit ans, il décide de quitter sa famille. Là où la culture traditionnelle l’incite à fonder rapidement une famille, il cherche à donner un autre sens à sa vie. Par la découverte, la rencontre et avec la musique comme langage, il part découvrir les pays voisins du Burkina Faso. Son voyage durera cinq ans.

En 1998, il rentre à Bobo pour consacrer sa vie à la musique et aux enfants. Il s’installe dans une maison pour partager son temps avec les plus jeunes. Parallèlement, il joue de la musique avec quelques groupes de Bobo Dioulasso. Il intègre le goupe Farati avec qui il se spécialise dans le jeu de  doum doum. Pour gagner de l’argent, il touche à tout : mécanique, vente de pièces détachées, chauffeur poids-lourds et même cuisinier.   Progressivement, un groupe d’artistes restent à ses côtés et anime avec lui des ateliers avec les enfants. Un jour, un nom est donné à cette communauté : Sitala*.

Bobo fait partie de la province du Houët. C’est pourquoi en 2002, lorsque  Mamadou décide d’officialiser son action, il nomme l’association Sitala du Houët. En voyage au Mali avec un groupe de jeunes, il fait la rencontre d’un directeur de centre social qui l’invite en France. Avec l’association sport et loisirs de Toulouse, il part pour quelques semaines de projets. Il fait découvrir la musique africaine dans les quartiers  difficiles de Perpignan, Paris et Toulouse.

De retour au Burkina Faso, il décline les objectifs de Sitala pour les jeunes bobolais : « initier à la musique et aux jeux de ballon, promouvoir la culture et les musiques traditionnelles du monde entier et en particulier celle du Burkina Faso, encourager l’épanouissement des enfants, sensibiliser  au risque du sida et développer les échanges culturels ». En 2002, Mamadou s’installe durablement dans une maison de location qu’il rénove et qui devient alors le nouveau siège de Sitala. En 2003, il rencontre Benoit Laurent et amorce une longue série d’échanges entre la France et le Burkina Faso.

Aujourd’hui, le lieu et les objectifs ont évolué. Depuis mars 2009, Sitala du Houët occupe trois nouvelles maisons. Les actions en direction des plus jeunes se sont recentrées autour de la musique, la danse, la fabrication d’instruments, la peinture Bogolan et le soutien scolaire. Le projet tend à professionnaliser les artistes-animateurs de la troupe. Ces derniers suivent actuellement une démarche de formation dans l’animation (CAFA). L’équipe de Sitala du Houët a renforcé sa compétence dans l’accueil de voyageurs et est devenue un lieu de rencontre entre voyageurs, artistes et enfants bobolais. A titre d’exemple, les animateurs Français proposent parfois des animations sur leur temps de vacances.

Depuis toujours l’association aspire à se développer et les intentions évoluent sans cesse. Si l’étroite relation avec Sitala Lillin’ba permet dorénavant d’imaginer de nombreux projets, la force de Mamadou Coulibaly et de Sitala du Houët est d’avancer pas à pas.

 

*Terme Dioula signifiant « une seule race »